dimanche 19 janvier 2014

Black Sabbath - 2 décembre 2013 - Paris



Inutile de faire un débriefing, aujourd’hui nous chroniquons un groupe dont la simple évocation impose le respect : Black Sabbath. Les précurseurs, pour une pas dire créateurs du Metal sont de retour avec un line-up presque originelle.  De côté toutes les querelles pécuniaires qui n’ont pas épargné le groupe, reste quelques doutes et appréhensions vis-à-vis de la voix d’Ozzy Osbourne qui avait donné une performance frisant la médiocrité dans ces mêmes lieux en 2010. Au placard toutes les interrogations, les espoirs de revoir Black Sabbath dans sa formation originale sont enfin réalité, un frisson m’envahit rien qu’à l’idée d’avoir accompli ce rêve.

Uncle acid and The Deadbeats font office de première partie,  quatre gars qui font dans le doom- psychédélique mélangeant riffs obscurs et rythme lent. Leur musique n’est pas désagréable à l’oreille mais la lourdeur et la lenteur de celle-ci auront raison de mon attention.  Le jeu de scène n’arrange rien à l’envie de les soutenir, les quatre musiciens sont planqués derrière leur chevelure épaisse, échangeant à peine deux mots avec son public. Peut-être fallait-il un papier buvard imprégné d’LSD pour apprécier toute la performance, dans tous les cas l’impatience de voir les héros de la soirée grandit encore.   

Un immense rideau s’abat sur la scène, le cri diabolique d’Ozzy et les alarmes de War Pigs annoncent une apocalypse imminente. Le rideau tombe, la légende apparait et c’est parti pour deux heures de montagnes russes.  Parlons tout d’abord de la performance de Tony Iommi, tout juste remis d’une saleté de cancer, exécutant parfaitement ses mythiques riffs mêlant lourdeur et mélodie. Pas besoin de se dandiner dans tous les sens pour le guitariste de Black Sabbath, le charisme et le talent font le travail.  L’enchainement Under The Sun/Snowblind montre toute la dextérité du personnage, le véritable moment fort du concert est ce passage très rythmé sur Under The Sun que je ne saurais vous retranscrire par écrit. Ozzy Osbourne s’en sort admirablement sur les premiers morceaux, très en forme sur War Pigs et Into The Void, le prince des ténèbres montre rapidement ses limites sur le morceau éponyme où sa voix faiblarde rend la chose moins attrayante. Néanmoins sa bonne humeur et ses efforts par rapport à la tournée américaine font vite passer l’éponge tout comme le travail de Geezer Butler. Des lignes et des soli de basse à couper le souffle sur Behind The Wall of Sleep/N.I.B, le public en profite pour se défouler un coup avant  l’intro interminable de End of The Beginning. Les morceaux du dernier album se révèlent parfois assommants de par leur longueur même si ils sont interprétés avec brio. Manque de familiarité ou simplement manque d’inspiration, les trois morceaux de 13 ne convainquent guère. 

Bien évidemment, l’album Paranoid est mis à l’honneur avec pas moins de cinq chansons jouées dont l’excellent et envoûtant Fairies Wear Boots, les mythiques Iron Man et Paranoid ainsi que Rat Salad Tommy Clufetos, derrière les fûts, remplit totalement sa mission.  Le batteur par intérim se permet même d’allonger son solo de batterie,  au grand regret anti-solodebatterie (noté le néologisme au combien inspiré) qui n’y voit que du temps perdu pour un potentiel morceau en plus. Fatigué de ses éternelles gimmicks tels que « Let me see you » ou « Let’s go fuckin’ crazy », Ozzy se prend de folie et assure la transition des morceaux en imitant un coucou, ce qui a le mérite de faire sourire l’hermétique Tony Iommi.  L’édifiant Children of the Grave retentit et rappelle que Black Sabbath a véritablement apporté une pierre fondatrice à la musique, un morceau aussi sombre et heavy à cette époque me laisse béat d’admiration.  Le concert se termine, le temps à Ozzy de balancer ces derniers sauts d’eau et d’expédier Paranoid qui a été enregistré dans les années 70 dans le simple but de rallonger l’album et qui pourtant fait office de classique.