vendredi 1 février 2013

Sound City Movie (Dave Grohl) - Critique du film




La musique a subit de nombreux changements au cours des dernières décennies : l’ère du numérique a pris le dessus et semble encore conquérir la plupart du monde. Mais il y a bien un concept que quelques rares musiciens défendent : la musique réalisée par un groupe d’êtres humains qui donnent toute leur passion pour créer des morceaux avec leurs instruments, qu’ils ont pris le temps de découvrir et d’apprivoiser pendant des années. Le principal selon eux, c’est de se mettre en position circulaire, dans n’importe quelle salle, et de collaborer de façon spontanée avec des amis ou des musiciens partageant les mêmes influences musicales que vous.

Depuis son adolescence, grandissant avec des artistes tels que Led Zeppelin, les Beatles, Tom Petty ou bien encore des groupes de punk-hardcore de sa région natale, Dave Grohl est l’une des personnes à défendre ce point de vue. Après avoir rejoint Nirvana en tant que batteur en 1990, le groupe s’empresse de rentrer en studio pour un album à la fois ambitieux et simple : Nevermind. C’est un coup de cœur entre Dave Grohl et le studio Sound City, situé dans une zone crasseuse et ensoleillée de Van Nuys, en Californie. Les raisons de cette claque ? Une table de mixage développée sur mesure, un son de grande qualité et un grain particulier qui a su charmer de nombreux artistes réputés : Neil Young, Rick Springfield, Dio, Tom Petty, Fleetwood Mac, Ratt, Johnny Cash, Rage Against the Machine, Metallica… 



Le film en lui-même est alors un documentaire qui peut s’avérer classique dès les premières minutes : une description assez brève des créateurs du studio, l’ordre chronologique de passage des groupes mythiques ayant été attirés par le lieu… Mais c’est au fond une vraie morale, avec un message clair de la part d’un amoureux de musique rock. La vraie qualité de cette œuvre est alors de nous faire partager cet amour envers ce studio humble et chaleureux, au point de le faire passer pour la Mecque des musiciens rock. Ce savoir-faire intéressant de découper les bandes analogiques pour découvrir un son chaud et brut… On se sentirait presque coupable d’utiliser la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) dans sa chambre, et de tout retoucher sur Pro Tools ou n’importe quel logiciel de mixage numérique pour cacher les quelques erreurs. Mais au fond, cela reste quand même très pratique pour débuter et ne pas dépenser dans des tonnes de matériel d’enregistrement.

En dehors de la dimension historique du documentaire qui retrace les différentes périodes de ce studio jusqu’à sa « mort » en 2011, Dave Grohl nous fait part de son idée de racheter la fameuse table de mixage Neve, de l’installer à son studio 606 à Los Angeles et d’inviter plusieurs musiciens faisant parti de « l’histoire Sound City » pour ainsi composer et enregistrer avec le Graal. On retrouve alors l’essence même de ce qui a fait de Sound City un studio fortement apprécié. Cette partie du film est particulièrement jouissive à visionner : une grande convivialité se dégage entre les musiciens, ainsi qu’une bonne humeur extrêmement contagieuse. Les morceaux se forment, le plaisir est omniprésent et le son des instruments est délicieux. De quoi ravir les musiciens, en particulier les fans de Dave Grohl : les férus de Nirvana sont aux anges (mais je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui n’ont pas encore vu le film) et les amateurs de rock se sentent vraiment dans l’obligation de prendre leur instrument respectif et de jouer immédiatement après la fin du documentaire. 




Contagieux, jouissif et audacieux, le premier film réalisé par Dave « All-mighty » Grohl est une réussite. Un éloge d’un studio mythique, mais aussi une leçon sur l’intégrité de la musique. La recherche de la perfection n’a jamais été un souci pour produire un bon morceau : il s’agit avant tout d’être sincère et humain.
 


Gunbab