La musique a subit de
nombreux changements au cours des dernières décennies : l’ère du
numérique a pris le dessus et semble encore conquérir la plupart du monde. Mais
il y a bien un concept que quelques rares musiciens défendent : la musique
réalisée par un groupe d’êtres humains qui donnent toute leur passion pour
créer des morceaux avec leurs instruments, qu’ils ont pris le temps de
découvrir et d’apprivoiser pendant des années. Le principal selon eux, c’est de
se mettre en position circulaire, dans n’importe quelle salle, et de collaborer
de façon spontanée avec des amis ou des musiciens partageant les mêmes
influences musicales que vous.
Depuis son adolescence,
grandissant avec des artistes tels que Led Zeppelin, les Beatles, Tom Petty ou
bien encore des groupes de punk-hardcore de sa région natale, Dave Grohl est
l’une des personnes à défendre ce point de vue. Après avoir rejoint Nirvana en
tant que batteur en 1990, le groupe s’empresse de rentrer en studio pour un
album à la fois ambitieux et simple : Nevermind.
C’est un coup de cœur entre Dave Grohl et le studio Sound City, situé dans une
zone crasseuse et ensoleillée de Van Nuys, en Californie. Les raisons de
cette claque ? Une table de mixage développée sur mesure, un son de grande
qualité et un grain particulier qui a su charmer de nombreux artistes
réputés : Neil Young, Rick Springfield, Dio, Tom Petty, Fleetwood Mac,
Ratt, Johnny Cash, Rage Against the Machine, Metallica…
Le film en lui-même est
alors un documentaire qui peut s’avérer classique dès les premières
minutes : une description assez brève des créateurs du studio, l’ordre
chronologique de passage des groupes mythiques ayant été attirés par le lieu…
Mais c’est au fond une vraie morale, avec un message clair de la part d’un
amoureux de musique rock. La vraie qualité de cette œuvre est alors de nous
faire partager cet amour envers ce studio humble et chaleureux, au point de le
faire passer pour la Mecque des musiciens rock. Ce savoir-faire intéressant de
découper les bandes analogiques pour découvrir un son chaud et brut… On se
sentirait presque coupable d’utiliser la MAO (Musique Assistée par Ordinateur)
dans sa chambre, et de tout retoucher sur Pro Tools ou n’importe quel logiciel
de mixage numérique pour cacher les quelques erreurs. Mais au fond, cela reste
quand même très pratique pour débuter et ne pas dépenser dans des tonnes de
matériel d’enregistrement.
En dehors de la dimension
historique du documentaire qui retrace les différentes périodes de ce studio
jusqu’à sa « mort » en 2011, Dave Grohl nous fait part de son idée de
racheter la fameuse table de mixage Neve, de l’installer à son studio 606 à Los
Angeles et d’inviter plusieurs musiciens faisant parti de « l’histoire
Sound City » pour ainsi composer et enregistrer avec le Graal. On retrouve
alors l’essence même de ce qui a fait de Sound City un studio fortement
apprécié. Cette partie du film est particulièrement jouissive à
visionner : une grande convivialité se dégage entre les musiciens, ainsi
qu’une bonne humeur extrêmement contagieuse. Les morceaux se forment, le
plaisir est omniprésent et le son des instruments est délicieux. De quoi ravir les
musiciens, en particulier les fans de Dave Grohl : les férus de Nirvana
sont aux anges (mais je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de
ceux qui n’ont pas encore vu le film) et les amateurs de rock se sentent
vraiment dans l’obligation de prendre leur instrument respectif et de jouer
immédiatement après la fin du documentaire.
Contagieux, jouissif et
audacieux, le premier film réalisé par Dave « All-mighty » Grohl est
une réussite. Un éloge d’un studio mythique, mais aussi une leçon sur
l’intégrité de la musique. La recherche de la perfection n’a jamais été un
souci pour produire un bon morceau : il s’agit avant tout d’être sincère et
humain.
Gunbab