vendredi 30 novembre 2012

Born to Run - Bruce Springsteen (1975)



Après deux premiers albums de bonnes factures appréciés par les critiques de l'époque mais n'ayant pas connu un succès foudroyant, Bruce Springsteen est encore inconnu au bataillon. En 1974, Jon Landau écrit un article presque prophétique " J'ai vu l'avenir du rock'n roll, il s'appelle Bruce Springsteen. Une nuit où j'avais besoin de me sentir jeune, il m'a fait me sentir comme si c'était la première fois que j'entendais de la musique."  et devient le nouveau manager de Springsteen ainsi que le co-producteur de Born To Run. Dans une époque où l'Amérique est tiraillé entre le Hard-Rock/Glam d'Aerosmith et Kiss et le proto-punk de MC5 et des Stooges, Springsteen va s'imposer avec cet album comme le nouveau patron de la scène musicale. 

Certains albums semblent avoir été conçu pour devenir mythique, n'en serait-ce que par leur pochette. Bruce habillé en rockeur se tient le sourire aux lèvres sur le dos de Big Man tenant fièrement son emblématique Telecaster. On comprend déjà que cet album mélangera du Rock pur et des envolés saxophonique. Une pochette à la hauteur d'un album qui nous transporte dans la vie de Springsteen à travers ses espoirs, ses amours, ses amis et sa passion dans l'Amérique profonde. La chanson-titre nous montre la trame : un album qui nous encourage à réaliser ses rêves les plus fous, de les concrétiser et de ne jamais lâcher tant qu'on est jeune. Un hymne à l'espoir, mené par un riff mythique et un débit de parole nous rappelant Like a Rolling Stone de Dylan. Bruce fait un portrait de son New-Jersey natal à travers une poésie urbaine qui nous décrit les villes et les autoroutes comme des terrains de jeu et de conquête. 


Crescendo est sûrement le mot-clé de cet album tant les intros envoûtantes, emmenées par le piano de Roy Bittan, nous emmènent tout droit vers une explosion mélodique de guitare et de saxophone. Thunder Road ouvre l'album de la plus merveilleuse des façons, sa montée et sa puissance pour nous emmener vers un final presque irréel. She's the one suit le même modèle avec cette intro au piano et des paroles qui constituent l'une des plus belle chanson d'amour de Bruce Springsteen, s'en suit une guitare enragé qui nous conduit tout droit vers Clarence Clemons. Max Weinberg  apporte une batterie bien plus présente que sur les deux premiers albums, une frappe qui s'accorde parfaitement avec la puissance crescendo. Que dire du dantesque Jungleland ? Il faut l'écouter dans son entier pour comprendre que l'audace de ce morceau en fait l'une des meilleures compositions du Boss. Une ode à la création musicale, au chaque instrument à son instant de gloire, nos oreilles remercient chaleureusement Bruce et son mythique E-Street Band.  Des morceaux très rythmés et enjoués ne nous laissent pas un seul repos, le très urbain Tenth-Avenue Freeze Out nous donne envie de déambuler dans les rues en dansant avec ses cuivres parfaitement maîtrisés. Night et Backstreets ont une énergie débordante et on remarque bien que Bruce pousse bien plus sa voix que sur les deux premiers opus. Meetin' accross the river est bien le seul moment où l'intensité retombe un peu pour une superbe ballade jazzy emmené par des trompettes.


Born To Run fait parti de ces rares albums dont on ne veut pas perdre une goutte car rien n'est à jeter. L'avenir du Rock N Roll est lancé dans les charts de l'Amérique et s'apprête à conquérir le monde, rien ne l'arrêtera jusqu'à aujourd'hui même pas une vieillesse menaçante. 





Ooooh oooh she's the one